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2 novembre 2008 7 02 /11 /novembre /2008 13:47
Je vais finir par etre flique par les autorites chinoises a force de parler des dissidents..........
Mais Ma Jian reste un tres bon auteur dont j'ai beaucoup aime les livres et dont je me procurerai celui la!


L'écrivain chinois se fait le chroniqueur subtil du printemps de Pékin de juin 1989.

Ma Jian ne se fait aucune illusion. Son nouveau roman, Beijing coma, a peu de chances d'être lu en Chine. L'auteur attend beaucoup des éditions publiées à Hongkong et à Taïwan : parfois internet sait pénétrer les frontières. Même les mieux gardées. Voilà plus de vingt ans que ses livres sont interdits en Chine. Exilé à Hongkong en 1987, puis à Londres, Ma Jian - 55 ans - n'a jamais fléchi dans sa critique de la dictature. L'indésirable aux yeux des autorités revient dans son pays trois fois par an pour observer et trouver ainsi matière à ses ouvrages. Des visites sous haute surveillance, bien entendu.

En juin 1989, il se rend, « comme observateur plus que comme acteur », à Beijing, aux côtés des étudiants de la place Tian'anmen. Soudain, un coup de fil de sa mère : suite à un accident, son frère est dans le coma. Ma Jian se rend à son chevet. Cinq jours après, le bain de sang que l'on connaît met un point final au « printemps de Pékin ».

De cette expérience personnelle est né Dai Wei, le narrateur de Beijing coma. Blessé par balle par la police, cet étudiant en médecine sombre dans un profond coma. Dix années durant, il pourra seulement entendre les voix de ceux qui l'entourent. Inerte, prisonnier de sa tombe de chair, Dai Wei s'accroche à ses souvenirs qui se dessinent d'un trait mal assuré, au gré d'une mémoire chancelante. Les événements qui ont précédé le drame de juin, ses convictions politiques, ses désillusions amoureuses, le destin d'un père dissident, la révolution culturelle... Dai Wei s'attarde sur l'histoire de cette vie trop courte prétexte à une fascinante radiographie de la société actuelle. Avec cette métaphore du coma, Ma Jian dénonce l'état du peuple chinois, assommé, anesthésié, refoulant son passé et se laissant bercer d'illusions : « La croissance économique, la relative prospérité du pays permet au gouvernement de faire accepter beaucoup de choses à son peuple, soupire-t-il, désabusé. Et notamment de dissimuler les épisodes les plus tragiques comme ceux de Tian'anmen. » Conscient depuis sa jeunesse de vivre dans « une société du mensonge », il n'a eu de cesse (à travers la peinture d'abord, puis la photographie) de croire « en la responsabilité de l'artiste, en son devoir de dire la vérité et tenter ainsi d'éveiller les consciences d'un peuple somnolant ».

Puissant, lyrique, Beijing coma est une œuvre d'une grande subtilité. Cette chronique extrêmement précise des événements de 1989 permet de pénétrer l'âme chinoise et de comprendre le cynisme d'un système (comme, par exemple, la mère de Dai Wei, obligée de vendre l'un des reins de son fils pour continuer à le soigner). Le souffle infiniment poétique de Ma Jian donne à ces pages toute leur force et leur beauté : « La poésie est un remède au désespoir », explique l'auteur. Le peuple chinois pourra-t-il un jour goûter lui aussi à cet élixir ?



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